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"[Les aurores sont] des déchirures du ciel nocturne derrière lesquelles on voit des flammes."

Aristote

Écrits antiques d'Occident

Les textes les plus anciens traitant des aurores polaires sont chinois ou japonais et datent de 3000 avant JC. Ils les décrivent comme des serpents ou des dragons qui se déplacent dans le ciel. On retrouve même une description d’aurore boréale dans l’Ancien Testament et plus particulièrement dans le premier chapitre d’Ezékiel.

 

Malgré ces descriptions ancestrales, les premières tentatives d'explications des aurores polaires voient le jour au IVème siècle avant JC : des philosophes grecs et latins se demandaient ce qu'étaient ces phénomènes encore inconnus. Des savants comme Aristote, Pline l'Ancien, Pline le Jeune, Plutarque ou encore Sénèque s'y sont intéressés. Il faut savoir que durant l’Antiquité, les aurores étaient bien plus rares : leur fréquence d’apparition Ã©tait d’une à trois par décennies, ce qui ne laissait que peu de chances aux hommes d'en voir. Malgré tout, beaucoup d’entre eux eurent cette opportunité et tentèrent d’expliquer le phénomène.

 

Anaximène de Millet (550-480 av. JC), philosophe Ionien du VIème siècle avant JC, fut le premier à s'intéresser réellement aux aurores. Il tenta d'aboutir à une explication scientifique, car, à cette époque, elles étaient une grande composante de la mythologie. Il émit l'hypothèse que l'air, en avançant à des densités très faibles, se transformait en feu, et, en s'échappant de la Terre, devenait de moins en moins dense et sa combustion produisait l'apparition de phénomènes célestes (dont les aurores, qu'il appela « nuages de gaz enflammés »).

 

Eschyle (525-456 av. JC) et Hippocrate (460-370 av. JC), pensaient quant à eux que les aurores étaient des rayons perdus du Soleil, qui glissaient dans la nuit pour toucher les nuages et les faire briller. En d'autres termes, ils pensaient que les aurores étaient les reflets de la lumière du Soleil.

 

D'autres scientifiques dont l'avis était plus discuté, comme Anaxagore de Clazomènes (500-428 av. JC), établirent une théorie superflue : des « feux du ciel Â» dans un mouvement descendant, produisaient des phénomènes atmosphériques en s'embrasant spontanément.

 

Il faut cependant se rappeler que durant l'Antiquité, le monde Gréco-romain croyait qu'il existait une séparation totale entre le monde terrestre (mortel) et le monde du ciel (divin). Ainsi, les scientifiques et les philosophes excluaient la possibilité qu'un corps puisse passer d'un monde à l'autre, et écarter donc toute hypothèse d'un rapport avec des phénomènes se déroulant dans l'espace.

 

Aristote (384-322 av. JC), dans son ouvrage Météorologiques, compara les aurores à « des déchirures du ciel nocturne derrière lesquelles on voit des flammes ». Il dit aussi que « les gouffres semblent avoir une certaine profondeur à cause du contraste que forme la lumière avec la couleur bleue et noire du ciel. Souvent même, lorsqu'ils se resserrent davantage, il en sort des tisons ou des cendres ; le gouffre prend alors une sorte d'apparence convergente ». En étudiant ces phrases, on retrouve une description assez précise d'une aurore de type couronne. Aristote est le premier à tenter d'expliquer le phénomène en le reliant à la combustion d'un gaz ou d'une émanation céleste, car il supposait que la chaleur du Soleil faisait monter des vapeurs du sol pour former les aurores.

 

Sénèque (3 av. JC-65 apr. JC) les décrit dans son ouvrage Questions naturelles comme « un gouffre par lequel le ciel entrouvert semble vomir des flammes ».

Pline le naturaliste dit Pline l'Ancien (23-79) écrit dans son tome 2 d'Histoire Naturelle : « On a vu pendant la nuit, sous le consulat de C. Caecilius et de Cn. Papirius (an de Rome 641), et d'autres fois encore, une lumière se répandre dans le ciel, de sorte qu'une espèce de jour remplaçait les ténèbres ». Il dit encore « On voit encore dans le ciel, et rien n'est plus terrible pour les mortels tremblants, un incendie, aux couleurs de sang, qui tombe ensuite sur la Terre, comme cela est arrivé l'an trois de cent septième olympiade, lorsque le roi Philippe domptait la Grèce ».

 

Le philosophe grec Hippocrate (460-370 av. JC) émet l'hypothèse que les aurores polaires résultent de la réflexion de la lumière émise par le Soleil sur les glaces des pôles. Cette théorie est adaptée jusqu’au XVIIIème siècle. Il n’en demeure pas moins que les observations faites durant le Moyen Age apporteront de nombreuses précisions sur leur formation.

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